Magasiner, c'est amusant !

Karelle ! Karelle ! Karelle ! 'Aziner ! Ouuuii ! 'Aziner ! Karelle et moi aller 'aziner !

Szidas était tout excité. Khanrelle lui avait dit qu'ils iraient magasiner ensemble puisqu'il était arrivé avec une valise contenant ses vêtements, et c'était à peu près tout. Il n'avait aucune fourniture scolaire à part un cahier de pages lignées et un crayon. Il n'avait rien, et encore moins des objets magiques. S'il était excité de découvrir un marché magique, il l'était encore plus par la simple perspective de magasiner ! Parce que Szidas de la maison Ellis n'avait jamais été magasiner de sa vie. Jamais ! Avant l'accident de son frère, ses parents s'occupaient pour lui de ce don il avait de besoin. Szidas n'avait jamais été élevé dans le luxe comme un petit privilégié qui avait juste à faire des caprices pour se voir tout offrir. Mais c'était les domestiques qui s'occupaient des courses. Après l'accident de Kornelius, personne n'aurait osé lui donner un peu d'argent pour aller combler ses besoins.

Et Khanrell lui avait promis une séance de magasinage de fourniture scolaire magique en bonne et due forme !

Szidas avait peu dormi cette nuit-là tellement il avait hâte. Il était tellement excité. Il était même prêt à sortir de l'enceinte du château juste pour ça (alors qu'il avait très peur de sortir de son ombre protectrice en fait).

Quoi acheter ? Quoi ? Quoi ? Pour magie ! Quoi ! Oh oh oh ! Acheter jouer pour Seri ! Quoi il veut Karelle Seri ? Il veut euh... poulet ! Et euh... Est-ce que acheter jouer comme pour sat ? Quoi acheter aussi ?

Szidas sorti sa liste de fourniture scolaire. Il ne comprenait rien à ce qui était écrit, bien entendu, et la tendit à sa protéger.

Là ! Tout il faut acheter. Pour école. Et jouer pour Seri aussi. Est-ce que acheter.... euh... euh...

Il fit le signe d'un avion qui décolait.

Pour en-haut. Pour cours. Oui ! Moi veut. Ah oui ! Balais ! Moi veut balais ! Est-ce que acheter balais ? Est-ce que acheter pour magie ? Quoi acheter ?

Szidas se mordit également la lèvre. Il décida d'enfin aborder quelque chose qui le chicotait depuis que Khanrell avait parler d'aller acheter ses fournitures scolaires.

Karelle... Moi peut pas acheter...

Il baissa le regard et gratta le plancher avec son soulier. Car Szidas n'avait pas un sous. Il était parti si vite de Lainova qu'il avait à peine emporté l'essentiel, encore moins fait provision de monnaie étrangère. Même s'il avait eu le temps, de toute façon, il y avait bien longtemps que Kornelius le tenait reclus. Szidas n'avait pas vu une pièce depuis bien longtemps.

Heureusement que Khanrell avait fait son premier cours avec les Premières Années tôt dans la semaine… Dès la première journée pour être exacte… Elle pu alors se rendre compte que Szidas n’avait strictement rien dans sa valise. Franchement, Amandine le lui avait envoyé avec ses vêtements de rechange et sa brosse à dents, mais c’était tout, rien de la liste d’achats obligatoires reliés aux cours qu’elle lui avait sélectionnés. En faite, rien point. Même pas de baguette, ce qui était pourtant l’essentiel! Elle était désappointée devant cette tache énorme, mais elle comprenait que, d’où il venait, la magie était mal vue et donc… Il n’y avait surement aucune boutique où il pouvait se procurer le nécessaire pour ses classes.

Bref, elle avait du pain sur la planche. Heureusement que ses années de travail à la clinique vétérinaire lui avaient été fructueuses, car elle n’aurait aucun mal à tout lui payer, elle n’était pas sans le sous, elle s’arrangerait avec tout ça. Elle était juste un peu déçue qu’Amandine ne lui ait pas envoyé une bourse avec le gamin, mais elle comprenait sa situation difficile, probablement la chose lui avait-elle été impossible… Encore une fois, elle s’inquiéta de la santé actuelle de sa vieille amie, espérant qu’elle se portait bien et que son terrible époux ne s’en prendrait pas à elle…

Au deuxième jour d’école, Khanrell avait eu un horaire si bien rempli qu’elle dû attendre au matin du troisième jour pour sortir le jeune prince du château. Elle se leva bien tôt pour le rejoindre à l’enceinte de l’école, car il n’aurait pas voulu s’en éloigner seul. Ils marchèrent jusqu’au quartier des boutiques car l’enseignante avait beaucoup de temps devant elle, ils pouvaient le prendre. Tout en marchant, elle écouta l’excitation de l’enfant, qui voulait en profiter pour acheter un jouet à Shenyann (qu’il appelait «Seri», est-ce que c’était car il voulait dire «chéri»? comme, son dragon-chéri? Il y avait souvent des sons, comme ça, qu’il prononçait mal…), et qui lui demandait s’il aimait les mêmes jouets que les chats…

Enfin, c’est ce que Khanrell comprit de son charabia déconstruit puisqu’il ne parlait toujours pas très bien le français. Au moins le comprenait-il désormais grâce au sort qu’Amandine avait composé pour la Violette, ainsi elle n’avait plus à essayer d’imager ses propos par des grands gestes des mains.

-Eh bien, Shenyann n’est pas tellement difficile pour jouer, il jouerait avec n’importe quoi si c’est en compagnie de gens qu’il aime, comme toi petit poux! Mais les jouets de chats, je ne crois pas, c’est un peu petit pour lui non? On jettera un œil à l’animalerie en revenant, car pour l’instant il faut acheter tes fournitures. D’ailleurs, donne-moi ta liste, je vais te la lire.

Le gamin ne comprenait pas l’écriture de la langue française, et ça c’était une autre grosse lacune à laquelle Khanrell devrait y remédier rapidement. Malheureusement, elle n’était pas certaine de trouver un autre sortilège pour cela, il allait falloir se contenter de la bonne vieille méthode traditionnelle : le martellement. Sinon, à quoi bon lui acheter des livres?

Ayant la liste en main, l’enseignante énuméra à Szidas tout ce qu’ils s’en allaient acheter, et lui pointa, un par un, les magasins qu’ils visiteraient pour se procurer ce dont ils avaient besoin.

-Bon, on va commencer par aller voir le commerçant de baguettes, puis l’alchimiste pour tes outils en potions, puis il te faudra une boule de cristal et, oui, un balais, pour voler comme dans un avion confirma-t-elle en riant pendant que l’enfant essayait de mimer ce qu’il voulait. Et ensuite, on ira à la librairie, pour finir car on aura beaucoup de manuels à acheter là-bas… Hum, d’ailleurs à y repenser, vaut mieux aller à l’animalerie avant la librairie, car on aura les mains pleines en sortant de cette dernière.

Elle parlait à voix haute tout en marchant vers le fabriquant de baguettes magiques, suivie de prêt par son petit protégé, qui avait maintenant l’air un peu gêné. Khanrell comprit qu’il était mal à l’aise de ne pas pouvoir payer lui-même ses choses, mais elle ne lui en voulait pas, du moins pas à lui, ce n’était pas de sa faute quand même, il n’était qu’un enfant. L’Enseignante tenta de le rassurer de sourire sincère, sachant que ça ne lui servirait à rien de prétendre que ça la dérangeait.

-Mais moi je suis riche, petit bonhomme, ça tombe bien, non? En plus, ça ne coûte presque rien des fournitures scolaires, alors ne t’en fais pas avec ça, Amandine ne t’aurait pas envoyé sous ma protection si je ne pouvais pas bien m’occuper de toi, non? J’étais vétérinaire avant l’ouverture de l’école, donc médecin pour animaux, c’était très payant, et mon nouveau rôle de professeur le sera tout autant, je te le promets, je ne manque pas de monnaie moi. affirma-t-elle en agitant sa petite bourse qui cliqueta pour confirmer ses propos.

C’était un petit mensonge blanc, pas si grave mais qu’elle ne pensait pas vraiment. En réalité, les baguettes magiques coûtaient une fortune, mais elle ne pensait pas que Szidas puisse comprendre la notion de la monnaie de la région, alors il ne pourrait pas comprendre qu’elle paierait le gros prix pour qu’il soit bien équipé. Les balais aussi n’était pas donnés, mais au moins elle pourrait se permettre d’en prendre un de base pour cette année, car il ne volerait pas beaucoup avant l’an prochain.

Et puis… Elle n’allait pas mourir de fin quand même!

La porte de la boutique du fabriquant de baguette s’ouvrit en agitant une petite clochette, ce qui attira l’attention du propriétaire sur les nouveaux venus.

-Bonjour Monsieur, ce jeune homme est arrivé à Sainte-Charlotte-de-Forest, sans baguette… Il.. heu… ignorait qu’il était sorcier, alors on vient lui en acheter une.

Elle avait mentit pour ne pas avoir à expliquer la réelle provenance de Szidas, a qui elle fit un clin d’œil en posant un doigt sur ses lèvres pour lui dire de ne pas contredire son mensonge, dès que le fabriquant eut le dos tourné.

-Alors, voilà mon grand, le monsieur va mesurer ta main et te faire essayer des baguettes, et on choisira celle avec laquelle tu semble plus à l’aise. Tu vas voir, c’est amusant, parfois ça fait des étincelles quand une baguette trouve son bon propriétaire!

Voulais-tu continuer ou archiver?